Rentabilité d’un hôtel en France : tous les critères à prendre en compte

  • 03/07/2025
  • HÔTELLERIE, INVESTIR

Bonjour à toutes et à tous,

Investir dans l’hôtellerie française représente un défi majeur en 2025. Avec 16 722 établissements qui offrent 657 000 chambres sur le territoire national, le secteur hôtelier français affiche une diversité qui peut dérouter l’investisseur novice. Entre promesses de rentabilité et réalités du terrain, comment distinguer une opportunité solide d’un mirage commercial ? Quels sont les ratios financiers qui révèlent le véritable potentiel de rentabilité d’un établissement ?

L’évaluation de la rentabilité hôtelière ne se résume pas à un simple calcul de retour sur investissement. Elle exige une analyse minutieuse de multiples indicateurs, une compréhension fine des spécificités du marché local et une anticipation des évolutions sectorielles. Car derrière chaque hôtel se cache une équation complexe où chaque poste de charge peut faire basculer l’équilibre financier. Le taux d’occupation national s’établit à 61,1 % en 2024 contre 61,8 % en 2023, ce qui confirme que la performance n’est plus automatique dans un marché mature.

Bonne lecture.

Structure de propriété : l’impact décisif du mode de détention

Murs et fonds versus fonds de commerce seul

La première distinction fondamentale concerne le mode de détention de l’hôtel. Cette différence influence directement l’analyse de rentabilité et conditionne les perspectives d’investissement.

L’hôtel en murs et fonds offre une maîtrise totale du projet immobilier. Même si deux sociétés distinctes gèrent l’immobilier et l’exploitation, le propriétaire unique bénéficie d’un double flux : le loyer que verse la société d’exploitation reste “dans la même poche”, et transforme une charge en gain. Cette configuration permet d’atteindre un EBE (Excédent Brut d’Exploitation) moyen entre 45 et 50 % du chiffre d’affaires.

L’hôtel en fonds de commerce seul impose une contrainte majeure : le loyer devient une charge incompressible, généralement la deuxième après la masse salariale. Cette structure limite mécaniquement la rentabilité, avec un EBE moyen qui oscille entre 25 et 35 % du chiffre d’affaires. Un loyer trop élevé peut rapidement compromettre l’équilibre de l’exploitation, d’autant plus que cette charge ne peut être ajustée en fonction de l’activité.

L’importance du bail commercial

Pour les fonds de commerce, la négociation du bail commercial devient cruciale. Les clauses d’indexation, la durée, les conditions de renouvellement et les éventuelles franchises de loyer influencent directement la rentabilité à long terme. Un bail mal négocié peut transformer une acquisition prometteuse en gouffre financier.

Masse salariale : le premier poste à décrypter

La fourchette de référence : 20 à 30 % du chiffre d’affaires

La masse salariale constitue invariablement le premier poste de dépenses, et oscille entre 20 et 30 % du chiffre d’affaires selon la catégorie de l’hôtel. Plus l’établissement monte en gamme avec moins de chambres, plus ce ratio augmente naturellement. Un hôtel 5 étoiles de 30 chambres aura nécessairement une masse salariale proportionnellement plus élevée qu’un établissement économique de 80 chambres.

Cette fourchette doit être analysée en tenant compte de plusieurs facteurs : l’emplacement géographique (les salaires parisiens dépassent de 20 % ceux de Régions), la saisonnalité de l’activité, et surtout la politique de service de l’établissement. Un hôtel qui propose un room service 24h/24 et conciergerie aura mécaniquement un ratio plus élevé.

Le piège des dirigeants “bénévoles”

Un ratio anormalement bas doit immédiatement alerter l’acquéreur potentiel. Souvent, dans les hôtels familiaux, les propriétaires travaillent sans rémunération officielle, et assument parfois plus de deux postes équivalents temps plein. Si vous rachetez un hôtel qui affiche 17-18 % de masse salariale grâce au travail gratuit des anciens propriétaires, il faudra embaucher pour compenser cette “main-d’œuvre fantôme”.

L’analyse doit également porter sur la gestion des absences. Comment l’hôtel compense-t-il les congés, arrêts maladie ou pics d’activité ? Par de l’intérim coûteux (souvent 30 % plus cher que le salaire permanent) ou par la solidarité d’équipe qui génère des heures supplémentaires ? Cette approche impacte directement la rentabilité future et la qualité de service.

Les OTA : incontournables mais coûteuses

70 % des réservations en ligne transitent par les plateformes

Près de 70% des réservations en ligne d’hébergements sont effectuées via les OTA. Aujourd’hui, quasiment aucun hôtel français n’échappe aux Online Travel Agencies : Booking, Expedia, Hotels.com, Agoda… Ces plateformes sont devenues incontournables mais représentent un coût significatif.

Un établissement réalise en moyenne entre 40 et 60 % de ses ventes en direct, le reste transite par ces plateformes moyennant une commission substantielle. Booking prélève 15 % de commission, voire 17 % pour le programme preferred, tandis qu’Expedia facture 21 % en moyenne (certains anciens contrats Venere restent à 15 %).

L’indicateur de performance commerciale qui révèle tout

Sur un hôtel qui génère un million d’euros de chiffre d’affaires, 100 000 euros de redevances OTA représentent 10 % du CA – la moyenne du marché selon les données professionnelles. Un ratio inférieur à 8 % signale une excellente commercialisation directe. Au-delà de 15%, l’établissement souffre probablement d’une faible visibilité en vente directe.

Google a constaté que 52% des internautes qui se rendent sur les sites des agences de voyages en ligne consultent les sites des hôtels avant de réserver. Cette donnée révèle l’importance cruciale d’un site web performant pour convertir les visiteurs découverts via les OTA.

Paradoxalement, un hôtel qui affiche un chiffre d’affaires plus modeste mais avec davantage de ventes directes peut s’avérer plus rentable qu’un concurrent qui réalise 25 % de CA supplémentaire… mais reste entièrement dépendant des plateformes payantes.

Charges incompressibles et postes d’optimisation

Eau, électricité, linge : surveiller les contrats

Ces postes fixes méritent un examen attentif car ils représentent généralement 8 à 12 % du chiffre d’affaires. Le linge fait rarement l’objet d’un traitement interne : vérifier les tarifs négociés avec les prestataires peut révéler des économies substantielles. Un contrat de blanchisserie mal négocié peut représenter un surcoût de 2 à 3 % du CA.

L’analyse des factures énergétiques révèle souvent des optimisations possibles : contrats électricité indexés défavorables, surconsommation liée à un équipement vétuste, absence de gestion technique centralisée. Un audit énergétique peut identifier des gains de 15 à 25 % sur ces postes.

Commissions bancaires et autres frais financiers

Les commissions de cartes bancaires représentent désormais 1,5 à 2,5 % du CA selon le mix clientèle (cartes étrangères plus chères). Les frais de change, commissions de découvert et autres charges financières doivent être intégrés dans l’analyse globale.

Indicateurs de performance : RevPAR et benchmarking

Le RevPAR, roi des indicateurs hôteliers

En 2023 le RevPar moyen d’une chambre 3 étoiles en France était de 41,2 euros, tandis que le RevPar des hôtels 5 étoiles supérieur était de 346,5 euros en Île-de-France contre 159,4 euros en moyenne en France. Ces écarts considérables illustrent l’importance de l’emplacement et du positionnement.

Le RevPAR (Revenue Per Available Room) combine taux d’occupation et tarif moyen pour donner une mesure synthétique de la performance. Contrairement à l’ADR (Average Daily Rate) qui ne mesure que le prix des chambres vendues, le RevPAR intègre les chambres inoccupées et révèle la véritable efficacité commerciale.

TRevPAR et revenus annexes

Le TRevPAR prend en compte tous les aspects des revenus de l’hôtel : hébergement, restauration, bar, spa, séminaires… 58% des hôtels classés proposent désormais un point de restauration, et 16% disposent d’un spa. Ces revenus périphériques contribuent significativement à la rentabilité globale et témoignent du dynamisme commercial de l’équipe.

Un hôtel qui génère 40 % de son CA hors hébergement affiche généralement une rentabilité supérieure, car ces prestations bénéficient de marges plus élevées et de charges variables moindres.

Environnement concurrentiel et positionnement H2 géographique

L’emplacement dicte sa loi

Dans de nombreuses villes françaises, détrôner l’hôtel référent relève de l’impossible mission. Cette position dominante se transmet généralement d’un établissement existant à un autre, rarement à une création ex nihilo. Plus de 65 % des hôtels sont indépendants en France, souvent de petite taille entre une vingtaine et une trentaine de chambres.

L’implantation d’un concurrent direct en ville secondaire ou tertiaire peut rapidement éroder la clientèle historique. L’hôtel établi devra alors consentir des efforts tarifaires qui amputent directement sa rentabilité. Cette analyse concurrentielle conditionne les projections à moyen terme et influence la valorisation de l’actif.

Impact de la taille du marché

L’Auvergne-Rhône-Alpes compte 2.509 hôtels, l’Île-de-France 2.455 selon les dernières données INSEE. Ces concentrations importantes créent une concurrence accrue mais aussi un marché plus liquide pour les cessions-acquisitions. Dans les régions moins dotées, chaque établissement peut bénéficier d’une situation de quasi-monopole local.

Potentiel d’amélioration versus optimisation acquise

Deux profils d’investissement distincts

Chaque projet nécessite une classification précise selon son potentiel d’optimisation. S’agit-il d’un établissement qui mérite des travaux de montée en gamme, et qui promet une évolution favorable des ratios ? Ou d’un hôtel récemment rénové, théoriquement optimisé, dont les performances actuelles reflètent le potentiel maximal ?

Cette distinction conditionne la stratégie d’acquisition et les projections financières. Un hôtel sous-exploité recèle souvent des gisements de rentabilité cachés : amélioration du yield management, optimisation des canaux de distribution, développement des prestations annexes. À l’inverse, un établissement déjà performant offre la prévisibilité mais limite les gains d’amélioration. Pour réussir votre achat d’hôtel, cette distinction s’avère cruciale dans votre stratégie d’investissement.

Technologies et digitalisation

Les technologies numériques, notamment les logiciels de gestion de propriété (PMS) et les moteurs de réservation, jouent un rôle central dans l’optimisation. L’investissement technologique initial se rentabilise rapidement par les gains d’efficacité opérationnelle : automatisation du check-in, optimisation des prix en temps réel, gestion prédictive des stocks.

Tendances et perspectives 2025

Évolution du marché post-JO

Les taux d’occupation de l’année n’ont pas été aussi formidables qu’espérés, avec au final 61,1 % en 2024 contre 61,8 % (-0,7 point) l’année précédente. Cette performance en demi-teinte, malgré les Jeux Olympiques, confirme la maturation du marché français.

279 hôtels avaient été liquidés en 2022, 30 % de moins en 2023. Cette consolidation du secteur profite aux établissements les mieux positionnés et les plus rentables, et crée des opportunités d’acquisition à des valorisations attractives. Les propriétaires souhaitant optimiser leur patrimoine peuvent également envisager la vente de leur hôtel dans ce contexte favorable.

Responsabilité environnementale et nouvelles attentes

L’éco-responsabilité influence désormais les choix des voyageurs et justifie des prix premium. Les établissements certifiés (Clef Verte, Écolabel européen) captent une clientèle prête à payer davantage pour un hébergement respectueux de l’environnement. Cette tendance ouvre de nouvelles perspectives de rentabilité pour les hôteliers visionnaires.

Calculs et ratios de rentabilité essentiels

Seuil de rentabilité et marge opérationnelle

Pour évaluer correctement un hôtel, plusieurs ratios sont indispensables. Le seuil de rentabilité s’établit généralement autour de 65 % de taux d’occupation pour un établissement bien géré. En deçà, l’hôtel peine à couvrir ses charges fixes. Au-delà de 80 %, l’établissement génère une marge opérationnelle confortable.

La marge brute d’exploitation varie selon le segment (en raisonnement murs et fonds) : 35/40 % pour l’économique, 45 % pour le milieu de gamme, 35-45 % pour le haut de gamme. Ces fourchettes constituent des références pour évaluer les performances et identifier les leviers d’amélioration.

Coûts variables et charges fixes

L’analyse fine des coûts variables (linge, produits d’entretien, petit-déjeuner) versus charges fixes (loyer, assurances, amortissements) permet d’optimiser la structure financière. Un hôtel avec une proportion élevée de charges fixes sera plus sensible aux variations de fréquentation, tandis qu’une structure à coûts variables dominants offrira plus de flexibilité.

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Plus de 55 ans d’accompagnement sur-mesure

L’analyse de la rentabilité hôtelière exige une connaissance fine des ratios sectoriels, des évolutions réglementaires et des spécificités locales. Chez Huchet-Demorge, nous maîtrisons ces subtilités depuis plus d’un demi-siècle, et nous accompagnons investisseurs et exploitants dans cette démarche cruciale grâce à nos services spécialisés.

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FAQ : Rentabilité hôtelière en France

1. Quelle différence d’EBE entre murs et fonds et fonds de commerce ?

Un hôtel en murs et fonds atteint généralement 40-50 % d’EBE contre 25-35 % pour un fonds de commerce seul, la différence correspond principalement au loyer qui devient une charge externe incompressible.

2. Comment détecter un hôtel sous-optimisé commercialement ?

Un ratio de commissions OTA supérieur à 15 % du CA signale souvent une faiblesse en vente directe, synonyme de potentiel d’amélioration significatif. De même, une masse salariale anormalement basse peut masquer du travail non rémunéré des dirigeants.

3. Quels sont les indicateurs clés à surveiller absolument ?

Le RevPAR reste l’indicateur roi, mais analysez aussi le TRevPAR (qui inclut tous les revenus), la répartition ventes directes/OTA, et surtout la masse salariale réelle qui inclut le travail éventuel des propriétaires.

4. Pourquoi faire appel à Huchet-Demorge pour votre projet ?

Notre expertise de plus d’un demi-siècle nous permet d’analyser finement chaque ratio, d’identifier les opportunités réelles et de vous accompagner dans la négociation optimale de votre investissement hôtelier.